Pour construire l’avenir des enfants

J’ai tardé à réagir au rapport tant attendu de la commission Laurent. Nous avions des attentes, mais aussi des doutes sur cet immense travail par rapport aux changements qu’il devrait provoquer dans notre société pour assurer encore mieux les droits des enfants et leur protection.

Nous nous retrouvons avec une brique de 500 pages remplie de nombreux constats et de multiples bonnes intentions à ne pas savoir par lesquelles commencer pour passer à l’action. Tout semble à faire, changer la Loi sur la protection de la jeunesse, nommer un commissaire à l’enfance, rajouter la médiation pour la protection des enfants, agir tôt en prévention, renforcer la première ligne et valoriser les intervenantes de la DPJ, par exemple. Il y a pourtant beaucoup de « chantiers » en cours sur ces sujets dans les communautés, que ce soit des initiatives prometteuses d’origine institutionnelle, de projets porteurs du milieu communautaire ou encore de soins intégrés et préventifs déjà en place en pédiatrie sociale en communauté.

Nous avons inspiré ce rapport, mais de cela, on fait peu état. La vie ne commence pas avec le rapport, elle avait commencé bien avant pour provoquer des changements nécessaires. Or la commission qui a entendu plusieurs de nos rapports ne semble pas les considérer comme moteur de changement. Ce serait une grave erreur que de repartir à zéro sans associer dès le début les principaux artisans des changements souhaités.

Approches innovantes

En pédiatrie sociale en communauté, avec plus de 45 centres à travers le Québec, nous fonctionnons déjà avec en tête l’intérêt supérieur de l’enfant. Les enfants nous guident et nous inspirent grâce à leur implication directe dans toutes actions qui les concernent et ils sont consultés régulièrement sur les meilleures pratiques concernant leur intérêt supérieur.

En pédiatrie sociale en communauté, nous agissons tôt pour dépister les enfants dans le besoin et pour offrir des services professionnels intégrés dans leur milieu avec l’entière participation des familles et des partenaires.

En pédiatrie sociale en communauté, nous avons la capacité de soigner l’enfant tant sur le plan physique que social et mental, et nous avons donc un immense impact préventif et curatif.

En pédiatrie sociale en communauté, nous pouvons soutenir la création de filets de sécurité pour les enfants les plus vulnérables et nous enseignons aux enfants et aux familles les meilleures façons de défendre eux-mêmes leurs droits.

La pédiatrie sociale en communauté est un exemple parmi tant d’autres d’approches innovantes. Vous avez entendu plusieurs d’entre nous. Pourquoi ne pas nous impliquer dans les solutions directement puisque nous avons été consultés et cités ? Vous avez reçu nos idées pour construire votre rapport. Laissez-nous maintenant agir sans que vous tentiez de réinventer la roue. Ce serait, je crois, la meilleure façon de ne pas risquer que le rapport se retrouve sur les tablettes.

J’en appelle au regroupement des personnes qui définissent déjà quotidiennement les meilleures pratiques, au quotidien, sur le terrain, intervenants de tous horizons, bénévoles engagés, agents communautaires, levons la main pour construire l’avenir des enfants à la suite du rapport tant attendu de la commission Laurent.

DGilles Julien
Pédiatre social et directeur clinique,
président fondateur, Fondation Dr Julien

Dr Gilles Julien

À Propos de la pédiatrie sociale

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