Gagner la confiance : du courage, mais surtout beaucoup d’amour

« Quand le lien est bon, quand le lien est fort, quand le lien est vrai, on le remarque que c’est plus facile pour l’enfant de s’épanouir » découvrez ce touchant témoignage sur le lien d’attachement, vital en pédiatrie sociale.

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Qu’est-ce que la figure d’attachement ?

C’est tout simplement une personne qui va nourrir un lien d’attachement sécurisant avec un enfant et lui offrir un environnement sain. Bien souvent, cette figure est son parent, mais pas forcément. Plus ce lien est solide et plus l’enfant pourra pleinement développer ses compétences sociales, intellectuelles et émotionnelles.

Manuel, intervenant psychosocial à la Ruelle d’Hochelaga, en sait quelque chose. Ayant travaillé 8 ans en tant qu’éducateur spécialisé, il a été directement exposé à la réalité des enfants et familles que nous accompagnons.

« Au centre, on travaille principalement la relation d’attachement parent-enfant. Mais il y a aussi quelque chose qui se créer l’éducateur et le jeune lors des activités. L’enfant identifie un adulte en qui il a confiance pour ses besoins primaires. Et le fait que maman fasse confiance aux adultes du centre, ça fait en sorte que le jeune aussi te fait confiance », explique-t-il en parlant du travail quotidien des éducateurs et éducatrices.

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« Je peux être un adulte positif dans ta vie »

Une carrière qui n’est pas sans son lot de défis. Dans leur quotidien, les éducateurs et éducatrices spécialisé∙e∙s veillent à répondre aux besoins des enfants. Qu’il soit question de les accompagner lors d’activités, de leur donner la collation ou simplement d’avoir des discussions, l’éducateur∙ice construit un cadre stable où l’amour et la confiance en sont le fil conducteur.

« Il faut être constant, cohérent et transparent. Par exemple, si l’enfant fait un geste qu’il ne faut pas, que ce soit un dimanche de février ou un dimanche de juillet, moi je vais agir de la même manière, c’est super important », affirme Manuel en se remémorant ses années passées sur le terrain.

Une philosophie qui se transpose, peu importe le groupe d’âge des enfants. Il suffit d’adapter son approche auprès des jeunes, poursuit-il :

« La grosse différence entre les ados et les enfants, c’est au niveau du langage utilisé. Un ado, pour l’avoir de ton bord et lui faire comprendre que vous êtes dans la même équipe, je vais parler son langage. Je leur dis : je ne suis pas ton ami, ou ton parent, je suis ton intervenant. Mais si tu me laisses, je peux être un adulte positif pour toi. Pour les enfants, on conserve les termes « cliniques » : j’impose le pilier de l’intervenant, pour créer ce lien de confiance, tout en leur parlant à leur hauteur et en les laissant prendre la parole ».

Bâtir ensemble son histoire

Pour les jeunes, les centres de pédiatrie sociale sont des espaces où les liens affectifs peuvent se développer en toute sûreté. Selon Fouade, intervenant psychosocial au Garage à musique, les rencontres en cliniques servent justement à bâtir cette confiance avec les enfants et leur famille :

« On s’appuie beaucoup sur le modèle APCA. La première chose qu’on fait, c’est d’accueillir le jeune, pour qu’il se sente en confiance et entendu. De là, ça nous permet d’élaborer des pistes de solutions face aux enjeux rencontrés, de lui montrer qu’il peut se réapproprier les choses et avoir une part de contrôle sur ce qui se passe dans sa vie. On travaille avec des jeunes qui, par leur contexte, ont rarement la chance de rencontrer des adultes qui vont essayer de construire quelque chose de positif avec eux. Donc quand le jeune rencontre ça, le lien de confiance se bâtit plus facilement ».

Fouade nous explique que le rôle de l’intervenant∙e psychosocial, c’est d’agir en tant qu’agent facilitateur, afin de fluidifier les relations entre l’enfant et ses figures d’attachement.

« Ça va nous permettre de mieux décrypter le comportement l’enfant et de comprendre ensemble pourquoi la dynamique familiale peut créer des défis ou des enjeux. Si la dynamique à la maison devient positive, par extension elle le deviendra dans toutes les autres sphères de la vie de l’enfant : à l’école, dans ses interactions avec ses pairs… On est là pour apporter cette dimension dans la famille ».

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« C’est gratifiant ce qu’on fait. J’essaie de donner mon 100% quoi qu’il arrive. On travaille avec de l’humain, on ne peut pas utiliser une formule. Faut toujours le faire le plus sincèrement possible, avec la réelle volonté d’épauler » Fouade

 

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Deux professions unies dans la confiance

Le travail de l’éducateur∙ice et de l’intervenant∙e est intrinsèquement lié : il s’agit de deux professions complémentaires.  « L’un nourrit l’autre, et permet une vision plus globale dans l’approche de la pédiatrie sociale. Si tu vois le jeune plusieurs fois par semaine, tu discutes avec lui, ensuite lorsque tu arrives en clinique, on a une connaissance de sa réalité qui est beaucoup plus complète que ce que l’on pourrait avoir avec juste le côté clinique ou juste le côté terrain. Ça nous permet de mieux saisir le jeune », assure Fouade.

Si établir un lien de confiance avec le jeune est une chose, ce n’est pas toujours gagné d’avance lorsqu’il est question de bâtir ce même lien avec ses figures parentales. Manuel l’a remarqué tout de suite : il peut être difficile de pour le parent d’accueillir l’intervenant∙e psychosocial au sein de la famille.

« Quand l’éducateur suit l’enfant dans ses activités du quotidien, qu’il communique constamment le progrès auprès de la famille et que l’enfant parle de lui à la maison, le parent se sent en confiance. C’est un peu comme recevoir un sceau d’approbation. Ok, tu vois mon enfant depuis 1 an, il te fait confiance, c’est beau :  viens travailler des choses avec nous. Mais quand c’est la première fois que le parent entend parler de toi, il y a souvent plus de craintes. En début de carrière, je l’entendais souvent : t’as pas d’enfants toi, t’es qui pour me dire comment faire ? Mais quand j’avais bâti au préalable une relation avec l’enfant, les parents sont plus accueillants. Et quand les parents te font confiance, le lien se bâtit plus facilement, je peux tout de suite commencer mon travail d’intervenant ».

Et toi papa, comment tu vas ?

Si le bien-être des enfants est bel et bien au cœur de la pédiatrie sociale, il ne faut pas négliger le poids que le processus d’intervention peut avoir sur les parents.

« Une fois lors d’une clinique, je me souviendrais toujours : je me tourne vers le papa est je lui demande « et toi, comment tu vas ? » Et à son tour, il s’est tourné vers moi et il m’a dit « merci, c’est la première fois qu’on me demande ça. C’est la première fois qu’on s’intéresse à ce que j’ai à dire ». Et c’est ça, je pense, la force de la pédiatrie sociale : d’aller chercher la valorisation et la parole de ces personnes qui n’ont parfois pas l’occasion de la donner », raconte Fouade, visiblement ému en se rappelant ce moment fort de son parcours.

Devant toutes les ressources que les centres de pédiatrie sociale peuvent offrir aux familles, il est beau de voir que les parents se sentent, eux aussi, soutenus dans leur démarche

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« De voir les familles repartir avec le sentiment d’avoir avancé dans leur parcours et de voir qu’elles savent qu’elles sont en mesure de continuer à progresser, pour moi, c’est capital. Ça nous donne la force de faire les choses au quotidien » Fouade

 

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Pas de tabou, l'amour avant tout

Qu’est-ce que ça prend, pour travailler en pédiatrie sociale ? De l’amour, beaucoup d’amour. Et ça, nos intervenant∙e∙s et éducateur∙ice∙s spécialisé∙e∙s en ont plein pour les enfants et leurs familles.

Il n’est pas toujours facile de parler de nos blessures.  Ces discussions amènent des moments très forts en émotions. Mais de se sentir libre d’en parler, dans une dynamique d’échange et de construction, ça s’avère positif. Et après tout, pour être capable de briser les tabous, l’amour et la compassion doivent primer dans notre approche. Fouade en est convaincu:

« S’il n’y a pas ce degré de confiance, de transparence et de liberté de la parole, on va rester en superficie du problème dont il est question pour la famille. Le cœur de ce qui doit être abordé ne le sera pas sans cette confiance. Et si tu es tout seul à porter ça, ça devient lourd. Ici, les jeunes ont une palette d’adultes qui peuvent devenir des références, avec qui il va pouvoir aller chercher ce dont il a besoin. Il nous a à sa disposition. »

À la Fondation Dr Julien, notre collectivité fait notre force. Ce fameux proverbe ça prend un village pour élever un enfant prend tout son sens et est en parfaite cohérence avec la pédiatrie sociale en communauté. Les liens que les enfants bâtissent avec les personnes travaillant dans les CPSC se résument en un mot : l’amour !  « Quand le lien est bon, quand le lien est fort, quand le lien est vrai, on le remarque que c’est plus facile pour l’enfant de s’épanouir », conclut Manuel.

Pour que les jeunes puissent grandir en santé, il faut d’abord qu’ils et qu’elles créer des relations avec les adultes de confiance qui les entourent. Aidons les enfants à bâtir des liens fondés dans le respect et l’amour.

Vous voulez nous aidez à accompagner plus d’enfants en pédiatrie sociale ? C’est par ici.

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