Un petit coup de pouce à la santé mentale

Par Dr Gilles Julien
Pédiatre social et fondateur de la Fondation Dr Julien

La santé mentale nous concerne tous en ces temps déstabilisants. Il faut mieux la comprendre au quotidien, apprendre à la préserver et prévenir les troubles mentaux dans la mesure du possible. On doit adopter la même approche que pour la santé physique. On sait que l’on peut prévenir l’hypertension, les maladies cardiovasculaires ou le diabète par exemple, particulièrement si on agit tôt sur les bonnes habitudes de vie des jeunes comme l’exercice physique et une saine alimentation.

Or, on doit aussi prévenir les troubles anxieux, les dépressions et autres troubles mentaux en faisant la promotion de saines habitudes de vie émotionnelles et mentales. D’ailleurs, la somme des bonnes habitudes de vie physiques et mentales permet probablement d’augmenter de façon significative l’effet préventif sur les maladies de toutes sortes. Pourquoi donc s’en priver nous-mêmes ? Pourquoi ne pas agir maintenant auprès des enfants comme on est clairement dans une période prolongée de risques de détérioration de notre santé mentale ?

La prévention n’est pas une sorte de garantie de santé globale car plusieurs facteurs agissent en même temps pour produire une maladie ou un mal-être. Entre autres, des facteurs génétiques et des sensibilités personnelles prédisposent à certaines maladies physiques ou mentales. Les maladies neuro-dégénératives, certains cancers, les troubles dépressifs ou bipolaires en sont des exemples connus. On sait que l’environnement dans son sens large joue un rôle encore plus grand et il ne fait pas de doute que de travailler en prévention sur l’environnement d’un individu peut faire une différence à moyen et à long terme.

Chez l’enfant, il faut s’attaquer aux plus grands risques : ceux qui créent de la détresse psychologique, de l’anxiété, de la peur et des colères profondes qui débalancent leur santé mentale. Ces sont les stress toxiques et les polytraumatismes de toutes natures, notamment des violences et des abus, des négligences et des abandons ou des isolements et des déplacements. Les stress associés à la pandémie qui perdure en sont un autre bon exemple. Ces différents traumas mènent directement à l’angoisse, à la colère et une peine profonde qui, plus elles durent et se multiplient, plus elles évoluent vers des troubles mentaux.

Chaque enfant a le droit de se prémunir contre ces stress sévères. La seule façon de le faire intelligemment : ne pas les victimiser, ni leur créer davantage de traumatisme. Le vrai pouvoir de prévention d’un enfant en situation de précarité mentale se trouve dans l’accompagnement personnalisé de cet enfant et son milieu familial afin d’instaurer de la confiance, de la résilience et une capacité d’auto-contrôle. Victimiser davantage, c’est créer encore plus d’angoisse et de séparation, c’est porter atteinte à d’autres droits outre celui de la protection ou c’est sortir l’enfant de son milieu et de sa culture trop rapidement. Un accompagnement personnalisé consiste autant à créer un lien significatif et protecteur entre un enfant et une équipe de soins qu’à mettre en action un suivi thérapeutique en psychologie ou en thérapie par l’art par exemple.

Quand on réussit à créer de la confiance, un sentiment d’appartenance, un lien rassurant et une cohésion familiale dans la vie d’un enfant fragilisé, on augmente les capacités de développement, de résilience, de fierté et de motivation chez cet enfant. Cela s’applique autant aux jeunes enfants, aux adolescents et aux adultes. Ce sont des clés puissantes pour sauvegarder leur santé mentale et pour prévenir des détériorations futures.

Source: Blogue Dr Julien, 10 janvier 2022

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