Ce midi, des gens apportaient des caisses de lait pour bébé à la clinique d’Hochelaga, afin de les offrir aux familles dans le besoin. Je suis donc allé à leur rencontre pour les remercier de ce beau geste. Gilles, le plus âgé, me partagea son expérience de bénévolat avec un centre communautaire qui distribue des produits de nécessité dans différents organismes, dont les nôtres. Il me souligna son bonheur de rendre service de cette façon et sa fierté de faire sa part pour les enfants du quartier. 

Gilles n’était pas seul. Il me présenta son collègue, plus jeune, qui travaille avec lui et s’initie ainsi au bénévolat. C’est un grand gaillard dans la vingtaine, tout sourire, qui vint vers moi et me demanda si je le reconnaissais, malgré sa barbe. Ses yeux me rappelaient clairement quelqu’un de familier, mais ce n’est que lorsqu’il me dit son nom que je le reconnus, avec beaucoup de joie et de plaisir.  

Steve a fréquenté notre centre de façon intensive en bas âge avec sa sœur. Tous deux traversaient alors de lourdes épreuves et s’étaient fortement attachés à notre équipe d’intervenant·e·s en pédiatrie sociale et communautaire. Steve était confronté à plusieurs difficultés, qui le gênaient dans son développement. Mais nous savions qu’il avait du potentiel et surtout, une grande bonté. Lui et sa sœur devinrent en quelque sorte nos « chouchous ». Dans le sens où ils nous motivaient à nous dépasser toujours plus pour les soutenir du mieux possible. Nous les avions cependant perdus de vue lors d’un déménagement en dehors de Montréal.  

Aujourd’hui, après plusieurs années j’ai finalement revu Steve. C’est devenu un homme fier et généreux. Nous étions si émus de cette rencontre exceptionnelle que nous en avions les larmes aux yeux, lui comme moi.  

Ces moments privilégiés me rassurent sur notre humanité. Accompagner un enfant pendant un certain temps, surtout lors de périodes plus ardues, s’attacher à lui comme si c’était notre propre enfant et le revoir heureux, fier et porteur de belles valeurs nous conforte dans notre mission, et nous pousse à continuer notre travail pour longtemps encore. Je vous souhaite à tous ce grand bonheur. 

Je tenais à vous partager ces retrouvailles qui me rappellent que tout est possible lorsqu’on croit en quelqu’un, malgré les maintes embûches de la vie. Je ne pouvais passer sous silence un si beau moment issu de notre savoir-être et de notre savoir-faire avec les enfants en difficulté. 

D^r Gilles Julien, C.M., O.Q.
Pédiatre social, directeur clinique, vice-président et fondateur, Fondation Dr Julien

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